4 avril 2015

Les pierres crieront !  (Jésus)

paques


Lectures: Luc 19/39-40, Jean 20/1-18

Je suis la gardienne d’une certaine prison, près de Jérusalem. Personne ne s’est jamais échappé de ma surveillance. Enfin… presque. On n’avait jamais vu ça! Rendez-vous compte: me faire rouler de cette façon. D’habitude, derrière moi, règnent la nuit et le silence. Un silence de mort, si j’ose dire.

Mais voilà que cette nuit-là… – j’en suis encore toute retournée. On avait pourtant pris toutes les précautions administratives voulues: verrou de sûreté, agents en faction devant la porte (normal par ces temps de terrorisme).

Il aurait fallu plus de deux ou trois costauds bien décidés pour oser me défier. Je vous jure que je ne les ai pas vus venir. Simplement je me suis retrouvée mise de côté, comme une vieille chemise. Comme si une main invisible et incroyablement forte m’avait saisie.

C’est vraiment bizarre, car au lieu de deux ou trois costauds, ce sont quelques femmes apeurées que j’ai vues arriver. Il faisait encore sombre, elles n’osaient pas parler tout fort. Elles me regardaient, l’air effaré. Evidemment, si j’avais pu, j’aurais bien levé les bras en signe d’impuissance.

Puis l’une d’entre elles partit en courant pour revenir un peu plus tard avec deux autres, des gars. Je me suis demandée s’ils n’allaient pas me remettre en place… mais non. Ils ne m’ont même pas jeté un regard. Ah! Je vous dis, depuis ce moment-là, les prisons ne sont plus ce qu’elles étaient… Avant c’était peinard tranquille, tu vois. Mais là, c’est n’importe quoi! On entre, on sort, ça cause tout fort; y a même des trucs bizarres, genre intervenants extérieurs en habits blancs… pas le genre de la maison.

Il y a surtout de la lumière tout plein, de la chaleur, tu vois…

Puis les gars sont repartis. Et l’autre éplorée qui n’arrêtait pas de pleurer, de chercher celui que j’étais censée garder; je pouvais pas lui expliquer; les pierres, ça parle pas… quoique!

Puis je L’ai vu enfin, celui que je devais garder à l’ombre à perpète. Oui, lui, il était DEHORS, discutant calmement avec elle. L’éplorée ne l’a même pas reconnu; elle l’a pris pour le préposé aux espaces verts!..

Et puis, il lui a simplement souri en l’appelant par son nom, Marie je crois. Le choc que ça lui a fait, j’vous dis pas! A son tour d’être retournée, tourneboulée… Nous voilà deux, ma fille! Remarque, depuis, il y en a eu pas mal d’autres qui ont été retournés. Elle n’a plus été la même; et moi non plus, d’ailleurs: d’abord on parle de moi dans le monde entier (on me chante, même !); et puis je me suis mise à parler (la preuve!) C’est Lui qui l’a dit: «les pierres crieront». Ne haussez pas les épaules, si, si, les pierres ça peut parler et je vais même vous dire des trucs aujourd’hui.

La prison où je travaillais, il se pourrait que vous la portiez encore en vous. Et la pierre qui fermait le tombeau de Jésus (il faut bien que je me fasse reconnaître maintenant) peut-être qu’elle bouche encore vos «prisons» intérieures. Il est dit que «Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. Celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort» (1 Jean 3/14).

En tous cas, regardez ce qui se passe quand la pierre qui ferme les coeurs est ôtée, roulée de côté. Lisez Actes 4/ 32-37. Ce monde peut devenir autre chose que ce qu’il est. Ça peut faire désordre, mais c’est tellement mieux quand les gens se parlent, partagent, quand il y a de la chaleur, de la lumière, de la spontanéité, et qu’on oublie les frontières. Celui qui m’a roulée de côté veut encore rouler les pierres qui emprisonnent les cœurs, Il veut rouler les peurs qui paralysent les cœurs.

Laurent BÜRKI, Pasteur